Incitation au viol : un enseignant chercheur de l'IUT de Troyes condam

10-06-2009 à 17:46:14
Incitation au viol : un universitaire condamné


Un enseignant-chercheur troyen a été condamné pour incitation au viol sur une femme dont il avait divulgué les coordonnées sur internet...


« Pour moi, c'était un monde virtuel. J'étais dans mon délire. Je n'avais jamais pensé que ça puisse avoir des répercussions dans le monde réel », affirme-t-il. Fabien Belloir, 39 ans, n'est pas un prévenu lambda. Il est enseignant-chercheur, à l'université de Champagne-Ardenne, pour partie à Reims, pour partie à Troyes. Sa spécialité ? Le génie informatique. Plus que de ses recherches officielles, il a davantage été question, hier, des recherches qu'il menait au travail pour, précise-t-il, « calmer mes angoisses ». Le chercheur avait trouvé : « Je me réfugiais dans le monde virtuel. Je suis alors déconnecté, comme dans un délire. »


Concrètement, il est poursuivi pour « une provocation à commettre un crime ». Il reconnaît avoir diffusé, en décembre, sur un site de rencontres par internet, une annonce en se faisant passer pour une jeune femme qui demandait à être violée et frappée. Pas un personnage virtuel, mais une vraie jeune femme, qu'il connaissait de loin, pour être un client du magasin où elle travaille, et sur laquelle il admet avoir « flashé ». « J'ai personnalisé le fantasme », lâche-t-il, plein de complaisance envers lui-même. Sauf qu'il donnait les coordonnées précises de la jeune femme et que, là, on n'était plus dans le fantasme.


Précédent en 2005


« Vous vous rendez compte que vous avez précisé, dans l'annonce, son identité, son lieu de travail, l'immatriculation de sa voiture et même son adresse personnelle ? », lance la présidente au prévenu, qui reconnaît avoir multiplié les recherches pour obtenir ces informations.

« Et si un malade, un pervers était tombé sur cette annonce, la prenant au sérieux ? », s'inquiète la magistrate. « Je n'y avais jamais pensé », affirme, atone, Fabien Belloir, avant de souligner : « Je ne me le serais jamais pardonné ».
Si le prévenu se réfugie derrière ses angoisses à calmer, la jeune femme a fait valoir la terreur qu'elle a bel et bien vécue. Informée de l'annonce par une connaissance, elle a vécu cloîtrée, jusqu'au dénouement de l'enquête, le 18 février : « Ça a été un enfer, je n'osais plus sortir de chez moi et, même encore aujourd'hui, j'ai peur que quelqu'un ait lu ça et s'en souvienne. »
À charge contre le prévenu, il y a, en plus, une précédente condamnation, en 2005, pour pédopornographie : « Il se faisait alors passer pour une petite fille violée et, pour ce faire, allait chercher des photos de fillettes violées », dénonce Me Lemoult, avocat de la partie civile, qui ajoute : « Son intelligence lui sert à être pervers. »
Si Arnaud Laraize, substitut du procureur, a souligné « le mélange particulièrement dangereux de l'obsession et de la perversité », il a estimé qu'une peine de prison ferme n'était pas adaptée et que « ce type de perversion (était) à traiter avec un fusible psychiatrique à long terme ». Il a requis un an avec sursis et mise à l'épreuve.
La défense a fait valoir que la psychothérapie qu'avait suivie Fabien Belloir avait évolué très positivement.
Déclaré coupable, l'enseignant-chercheur a été condamné au-delà des réquisitions : dix-huit mois de prison dont six ferme.



Source : Est Eclair
Auteur : Valérie ALANIÈCE
Article paru le : 10 juin 2009


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