M431 - Chapitre IV - L’instrument monétaire

30-12-2009 à 14:41:04
Chapitre 4 : L’instrument monétaire

Rappel : objectif est le carré magique
2 grands instruments : le budget (chapitre 3) et la monnaie

I. Le but de la politique monétaire

La lutte contre l’inflation a pour but la stabilité des prix, mais peut également entraîner la baisse du taux de chômage. Il existe une relation entre le but monétaire et l’inflation mais cette relation est controversée.

1) Théories non monétaires.

Cela correspond à l’explication réelle de l’inflation.
2 catégories :

→ Explication traditionnelle :
- inflation induite par la demande : analyse qui renvoie au fonctionnement du marché de la demande supérieure à l’offre, ce qui entraîne la pénurie : les prix augmentent.
Cette situation peut être généralisée à l'ensemble de l'économie ou sectionnée (un produit) avec un risque de contagion.

- inflation par les coûts : le départ est un accident : un élément du coût de production qui augmente (matières premières, pétrole, source d'énergie) > forte augmentation de salaire
Coûts de production augmentent : Il y a des répercutions sur le consommateur par l'entreprise > vendre plus cher, donc inflation
Cette situation peut emmener à un engrenage. Risque : spirale inflationniste
Augmentation du salaire : augmentation du prix de vente au consommateur
=> Mécanisme qui n'a pas de fin (année 1980 en France)

Si on est convaincu par ces deux explications, le remède ne passe pas par la monnaie.
=> Solution dans 1er cas : produire plus
=> Solution dans 2e cas : maîtriser, diminuer coût de production et diminuer salaire

→ Explication moderne :
- inflation structurelle : il y a de l'inflation car structure même des économies industrielles a évolué
Constat :
- il y a de plus en plus de grandes entreprises, oligopole. Elles vont imposer leur prix et être tentées de s'entendre.
> Susceptible d'entraîner une augmentation des prix pour le consommateur
- les vieux pays industriels se sont développés dans le domaine tertiaire => pas de mécanisme modernisateur (peut pas moderniser de la même façon que le secteur industriel)
- augmentation productivité plus faible puisque productivité augmente faiblement, pas de baisse de prix
- phénomène de structure > augmentation des prix
-solution n'est pas monétaire. Remède : politique de concurrence, interdiction juridique (ententes sont interdites)

- explication socioculturelle > idée de départ : compétition pour se partager la richesse du pays (PIB) > il n'est pas possible d'augmenter la part de tt le monde car total ne doit pas dépasser 100%.
Solution:on peut pas donner plus à tt le monde grâce à l'inflation.> tt va augmenter.
Mais il s'agit d'une allusion monétaire, seul le chiffre a augmenté > mais tt le monde n'a pas eu plus alors qu'ils croient avoir eu plus.
> Inflation facilite les négociations.
Augmentation des salaires n'est pas synonyme de pouvoir d'achat.
C'est l'explication réelle.

2) Inflation et théorie monétaire de l'inflation.

Explication monétaire de l'inflation.
> Economistes monétaristes (éco néo-classique>libéraux)
D'après eux, la hausse des prix est un phénomène purement monétaire
Friedman : chef du monétarisme
MV=PT équation monétarisme, date de 1828 (ce n'est pas de lui)
P = niveau des prix
V = constante au sens mathématique > vitesse de circulation de la monnaie, dépend des habitudes nationales
T = transaction (volume) > la monnaie sert à payer, régler les transactions > on va pouvoir le calculer, le prévoir > estimer à partir du montant du PIB
M = quantité de monnaie dans l'économie. Quand on fixe M on fixe automatiquement P
=> Il va donc falloir bien fixer quantité monnaie, sinon dérapage
Augmentation quand il y a trop de monnaie dans l'économie
Solution : contrôler très sévèrement, strictement la quantité de monnaie dans l'économie
Conclusion : il y a accord sur les conséquences de l'inflation entre les différentes théories
Première conséquence :
- s'il y a de l’inflation, les agents économiques à revenu fixe vont perdre parts d'achats
En France, beaucoup de revenus fixes (salaires, prestations sociales, retraite)
Les seuls gagnants sont ceux qui sont payés au pourcentage (Etat > essence, fuel)
- les épargnants sont défavorisés => on a un taux d'intérêts réel négatif, ça correspond au taux proposé par les banques -taux d'inflation

Les avantages : les emprunteurs rembourse avec de la monnaie qui vaut moins cher
Les plus gros emprunteurs sont l'Etat
Conséquence vis à vis de l'extérieur, lors d'inflation => problème dans pays qui a plus d'inflation que son voisin
A partir des années 1990 : chaque année France avait plus d'inflation qu'en Allemagne > monnaie française qui s'affaiblit par rapport à la monnaie allemande
=> Exemple historique d'une hyper-inflation :
Maximum de l’inflation en Allemagne : 1920. Début de cette période : janvier 1922. 1 dollar = 500 marks
En novembre 1923 : 1 dollar = 4200 milliards de marks
La monnaie allemande ne vaut plus rien. Seule solution = changer de monnaie (rich mark)

II. Les méthodes de contrôle

Elles vont dépendre de la théorie à laquelle on se réfère. Pour les non monétaristes : politique de contrôle des salaires, réduire les coûts de production, hausse de la concurrence. A l’inverse, pour les économistes monétaristes, il y a une seule façon de lutter contre l’inflation, c’est d’empêcher qu’il y ait trop de monnaie. Il va donc falloir surveiller la création monétaire.

1) Rappel : Les responsabilités de la création monétaire.

Ce sont les banques. 2 catégories de monnaie :
- monnaie fiduciaire (crée par la banque centrale) sauf que les billets et les pièces ne sont même pas 10% de la monnaie qui circule.
- 90% = monnaie scripturale (écrite). C’est de l’argent qui est sur les comptes en banques. Qui crée cette monnaie scripturale ? ce sont les banques de second rang. Elles ont une activité essentielle. Elle sont la pour prêter. C’est comme cela qu’elles gagnent de l’argent.

1ère solution : la banque prête de l’argent qu’elle a en dépôt. Dans ce cas, pas de création monétaire. C’est une solution risquée car dans ce type d’opération, on a un risque de transformation. La banque prête à moyen et long terme, or, l’argent déposé e chez elle peut être retiré à n’importe quel moment. Banque doit pouvoir faire face aux retraits. Csq : Les banques font peu de transformation.

2ème solution : banque prête de l’argent qui n’existe pas au préalable. C’est une vraie création de monnaie. Techniquement, c’est très simple. Il suffit d’écrire sur le compte du client emprunteur la somme prêtée. Donc les banques ont un pouvoir énorme. Le pouvoir est réservé aux banques. Quand la banque crée de la monnaie, elle doit avoir un motif. Dans 80% des cas, c’est un emprunt. Il y a 3 motifs de création monétaire :
- les prêts aux clients.
- Les prêts au trésor public (prêt à l’Etat).
- Les opérations de change. Ex : client qui amène 10000$ et demande en €. => création d’une monnaie nationale.

Conclusion : si on veut surveiller la création de monnaie des banques, on peut être surveiller 3 contreparties. Donc on a décidé de concentrer les efforts sur une 1ère contrepartie, CAD les prêts. Donc on a été amenés à contrôler les prêts bancaires.

2) Liste des différentes méthodes.

La plupart sont des méthodes indirectes (qui ne sont pas autoritaires) : La banque centrale laisse les banques faire leur métier : prêter. C’est après lorsque les banques ont fait un prêt, elles vont avoir besoin de billets.
Le réescompte : C’est un escompte une 2ème fois. C’est la banque qui va négocier avec la banque centrale. La banque apporte son doc commerciale et reçoit du liquide en échange. Ici, la banque centrale domine : elle peut imposer son prix (taux de réescompte), s’il est très élevé, les banques vont répercuter les tarifs sur les clients et les décourager = effet prix.
La banque centrale peut fixer un plafond de réescompte : somme maximum. Quantités sont réduites = effet volume.
Le coefficient de trésorerie : obliger les banques à conserver dans leur bilan un % obligatoire en bons du trésor. Elles vont être obliger d’utiliser une partie de leur liquidité pour acheter des bons du trésor. Cette argent liquide n’est plus disponible pour autre chose = donc réduire le volume de prêt. Egalement, ça permet de financer le déficit de l’Etat.
Les réserves obligatoires : inventées en France en 1967. Toutes les banques qui travaillent sur territoires français ont un compte à la banque de France. Ce compte doit être en permanence être approvisionné (découvert interdit). On peut obliger les banques à conserver de l’argent auprès de la banque de France, cet argent ne sera pas rémunéré. C’est la banque de France qui choisit les méthodes de calcul (% des prêts accordés).
Plus une banque prête à ses clients, plus elle devra conserver des réserves obligatoires importantes.
 Réserves obligatoires diminuent la rentabilité des banques (sommes non rémunérées). Donc banques refusent des crédits ou elles acceptent mais à un tarif très élevé.
 Réserves obligatoires diminuent la liquidité des banques. Elles vont être obligés de piocher dans leur liquide, qu’elles ont besoin pour retrait de leurs clients. Donc banques prêteront moins.

L’open –market : a remplacé le réescompte.
Réescompte : 2 reproches :
- beaucoup de papiers (lourdeur administrative)
- bilatéral (banque / banque centrale)

Open –market : Organiser une confrontation multi latérale, sur un marché = le marché monétaire interbancaire. C’est une négociation à laquelle participe tous les établissements bancaires et un poids lourd = La banque centrale. Sur ce marché : O et D (argent liquide).
Offreurs = ceux qui ont trop de trésorerie
Demandeurs = banque en panne de liquidité
On va confronter les 2 : il en sort un taux d’intérêt qui est le taux du marché monétaire au jour le jour.
i = prix a payer pour se procurer du liquide. Ne se fixe pas de manière naturelle. C’est le point ou se rencontre l’offre et la demande sur la courbe. La banque centrale intervient pour l’influencer. Donc marché monétaire est sous le contrôle de la banque centrale (elle va faire augmenter ou baisser le taux d’intérêt en fonction de ses objectifs).
Pour la banque centrale : s’il y a de l’inflation, c’est parce qu’il y a trop de création monétaire. Il faut donc le freiner = empêcher les banques de prêter beaucoup = augmenter le taux d’intérêt et donc dissuader les emprunteurs.
Si toute ces méthodes sont insuffisante, s il reste une méthode autoritaire : imposer les choses aux banques.

- Méthode autoritaire : encadrement du crédit.
On ne laisse plus les banques décider toutes seule. Pour chaque année, on impose à chaque banque un montant maximum de crédit à ne pas dépasser.
Control total du crédit, au delà du plafond, la banque est sanctionnée.
- Crédits désencadrés, prioritaires (pas de limite).

Méthodes de contrôles utilisées en France :
Contrairement à d’autres pays, la politique monétaire est récente (à partir de 50’s). Avant la politique budgétaire (influence keynésienne). Français changent d’avis à cause des problèmes d’inflation (conséquence sur le revenu, sur la consommation) => Utiliser la politique monétaire pour lutter contre l’inflation.
1967 : création des réserves obligataires.
Mai 68 : augmentation des salaires et prix.
Puis méthode autoritaire en 1972 : encadrement du crédit => méthode de choc, doit être appliquée dans une certaine durée. France na pas réussi à stopper cette méthode qui a duré 13 ans (jusqu’en 1985). Dans les banques, plus de concurrence, impossibilité de prendre part de marché, elles se sont donc habituées à l’absence de concurrence. Les magasins se sont adaptés, ils ont pris l’habitude de ne jamais demander de crédit à la fin de l’année.
En 1985, décision de sortir de cet encadrement, suppression définitive en 87, on rappelle que c’est la banque de France qui pilote la politique monétaire avec 2 instrument : Open market (action sur taux d’intérêt), réserves obligataires (elles augmentent plus vite que les prêts). Réorganisation du marché financier en France pour pouvoir faciliter l’open market et se moderniser, rivaliser avec Londres et Paris.
Création de 2 marchés :
- marché monétaire interbancaire (réservé aux banques) : marché de la liquidité, totalement contrôlé par la banque de France.
- Marché monétaire : marché de l’argent à court terme (banque, toutes les grandes entreprises,…). Les entreprises n’ont donc pas besoin de demander à leur banque. Cependant, non accessible aux PME, marché monétaire = marché de gros (grosses sommes). On a crée le billet de trésorerie (instrument de négociation), avant un billet : 1 million de francs /152 450 €.
A coté de ces 2 marchés, on a les marchés boursiers (long terme) pour les entreprises.

III. De la banque de France à la BCE.

BCE se trouve à Frankfort. Elle est destinée à rassurer les allemands. La logique de la BCE a été très influencée par les idées allemandes.
BCE indépendante du gouvernement, des pouvoirs politiques => tradition allemande.
Tradition française : banque de France appartient à l’Etat, gouverneur de la BDF nommé par le ministre, BDF appliquait sa politique.
Adaptation : loi de 1993 : Vote de l’indépendance de la BDF.
Perte d’un instrument par le gouvernement, indépendant, ne peut pas recevoir d’ordre du gouvernement.
Puis il vient l’entreprise, au moment du passage à l’Euro, le transfert du pouvoir des banques centrales de chaque pays à la BCE. BDF est donc exécutant des décisions prises par la BCE, elle n’a donc plus grand-chose à faire (fermeture d’agences).
BCE décide une politique monétaire et donc un seul taux d’intérêt pour toute la zone Euro. 1er instrument : Open market ; 2ème : Réserves obligataire Euro.
Objectif de la BCE est de lutter contre l’inflation (2% = limite).
Conviction monétariste, hausse de l’inflation = hausse du taux d’intérêt. Fixation du taux d’intérêt est difficile car il est unique pour la zone euro qui est très hétérogène. Taux choisi ne plait jamais à personne, Certains pensent que cela peut tendre à l’homogénéité, pour d’autres zones Euro allaient éclater, chacun retrouverait son taux national.
Bilan de la BCE : elle est très jeune, comparaison avec le système aux EU (FED° qui est très ancienne, elle a eu le temps d’imposer sa crédibilité. Comparaison généralement défavorable à la BCE.
- FED opère sur une zone homogène
- Statuts ne sont pas les mêmes. FED a pour mission de garder la plus forte croissance possible compatible avec l’inflation. BCE n’a pas le droit de s’occuper d’autre chose que l’inflation.
- FED modifie plus vite ses taux, elle n’hésite jamais à les baisser pour aider la croissance.
- FED = croissance et taux d’inflation, gouvernement = taux de change. BCE = inflation, avant l’Euro, taux de change était du ressort du gouvernement, problème au moment du transfert de pouvoir des banques car pas de gouvernement européen donc pas de transfert de responsabilité du taux de change. Officiellement en Europe, personne n’est chargé du taux de change. Il devra être décidé par l’ensemble des ministres => bilan mitigé. BCE souffre de ne pas avoir d’interlocuteur.

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